Economic Post

Inflation au Nigeria : Un taux de 24,48 % en janvier, quelle issue possible ?

2.6Kvues

Inflation au Nigeria : Un taux de 24,48 % en janvier, quelle issue possible ?

L’inflation reste une préoccupation majeure pour l’économie nigériane, avec un taux de 24,48 % en glissement annuel en janvier 2025, selon les dernières données de l’Agence nationale des statistiques.

Ce chiffre intervient après un réajustement de l’indice des prix à la consommation (IPC) afin de mieux refléter l’évolution des habitudes de consommation des Nigérians. Si cette mise à jour méthodologique permet une lecture plus précise de l’inflation, elle ne change pas la réalité économique d’un pays confronté à une hausse généralisée des prix.

Le rebasage de l’IPC est une pratique courante dans les économies cherchant à améliorer la fiabilité de leurs données macroéconomiques. Il permet d’intégrer de nouveaux produits et services dans le panier de consommation de référence, en fonction de leur poids réel dans les dépenses des ménages. Ce changement vise donc à mieux capturer l’inflation ressentie par la population. Toutefois, il ne masque pas l’essentiel : le Nigeria continue de subir une forte inflation, aggravée par des facteurs structurels et conjoncturels.

Les causes profondes d’une inflation persistante

Plusieurs éléments expliquent cette dynamique inflationniste persistante au Nigeria :

1. La dépréciation du naira : La monnaie nigériane a perdu une grande partie de sa valeur face aux devises étrangères, ce qui renchérit le coût des importations, notamment des produits alimentaires et des biens de consommation courante.

2. Les tensions sur l’offre alimentaire : Malgré ses vastes ressources agricoles, le Nigeria fait face à des perturbations de production causées par l’insécurité dans les régions rurales, le changement climatique et l’insuffisance des infrastructures de transport et de stockage.

3. Les effets des réformes économiques: Les décisions récentes du gouvernement, comme la suppression des subventions sur les carburants et l’unification du taux de change, bien que nécessaires à long terme, ont entraîné une flambée des prix à court terme.

4. L’instabilité énergétique : La hausse du coût de l’énergie, due à des difficultés d’approvisionnement en électricité et à une dépendance accrue aux générateurs fonctionnant au diesel, a un impact direct sur le coût de production des biens et services.

Quelles perspectives pour l’économie nigériane ?

Face à cette situation, la Banque centrale du Nigeria (CBN) pourrait être contrainte d’adopter une politique monétaire encore plus restrictive pour tenter de contenir l’inflation. Une hausse des taux directeurs, déjà amorcée en 2024, pourrait freiner la demande, mais elle risque également de peser sur la croissance économique.

À moyen terme, la stabilisation de l’inflation nécessitera des réformes structurelles plus profondes, notamment dans l’agriculture, l’industrie et le secteur énergétique. De plus, la confiance des investisseurs et des consommateurs dépendra largement de la capacité du gouvernement à restaurer la stabilité macroéconomique et à mettre en place des politiques favorisant la production locale.

En conclusion, le taux d’inflation de 24,48 % enregistré en janvier témoigne des défis majeurs auxquels le Nigeria doit faire face. Si le rebasage de l’IPC améliore la transparence des données économiques, il ne modifie en rien les réalités quotidiennes des Nigérians, qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder sous l’effet d’une inflation persistante.

Seule une combinaison de politiques monétaires rigoureuses et de réformes structurelles ambitieuses pourra permettre au Nigeria de freiner cette spirale inflationniste et de renouer avec une croissance plus stable et inclusive.

Laisser une reponse