
Dynamique de la dette : L’UEMOA attire 3 000 milliards FCFA au premier trimestre
Le marché des titres publics par adjudication de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a démarré l’année 2025 sur une note particulièrement dynamique. Le premier trimestre a été marqué par un fort engouement des investisseurs, permettant aux États membres de mobiliser collectivement 2 970,07 milliards de francs CFA (5,14 milliards de dollars).
Ce volume impressionnant représente une progression significative de 87 % par rapport aux 1 590 milliards FCFA levés au cours de la même période en 2024. Cette performance témoigne d’une adaptation des stratégies de financement à court et moyen terme des États de la zone.
La Côte d’Ivoire, locomotive des émissions de dette
La Côte d’Ivoire s’est affirmée comme l’acteur majeur du marché de la dette souveraine de l’UEMOA au premier trimestre 2025. Le pays a réussi à lever à lui seul 1 506,77 milliards FCFA, représentant 51 % du volume total des émissions. Le Sénégal arrive en deuxième position avec 361,13 milliards FCFA mobilisés. Bien que disposant potentiellement d’économies plus importantes, le Niger et le Burkina Faso ont également affiché des performances notables, levant respectivement 278,78 milliards FCFA et 224,52 milliards FCFA. Le Togo (208,85 milliards FCFA) et le Mali (203,57 milliards FCFA) complètent le tableau des principaux émetteurs, devançant la Guinée-Bissau (106,86 milliards FCFA) et le Bénin (79,50 milliards FCFA).
Le court terme privilégié par les investisseurs
L’analyse des maturités des titres émis révèle une préférence marquée des investisseurs pour le financement à court terme. Les titres d’une échéance de 12 mois ont capté le volume le plus important, représentant 1 108,15 milliards FCFA (37,3 % du total). Les titres à trois ans constituent la deuxième catégorie la plus prisée, avec 550,29 milliards FCFA (18,5 %), suivis par les maturités de 3 mois (325,93 milliards FCFA), 5 ans (234,18 milliards FCFA) et 6 mois (232,58 milliards FCFA).
Concentration géographique de la détention des titres
L’examen de la résidence des détenteurs de titres publics confirme la position dominante de la Côte d’Ivoire, dont les investisseurs détiennent un portefeuille de 5 765,95 milliards FCFA. Le Sénégal se place en deuxième position avec 3 002,5 milliards FCFA, suivi du Bénin avec plus de 2 000 milliards FCFA. La catégorie “Siège”, représentant un volume significatif de 1 562,89 milliards FCFA, englobe probablement les titres détenus par des institutions régionales.
Hausse des rendements malgré la stabilité des taux directeurs de la BCEAO
Un paradoxe notable se dessine sur le marché de la dette de l’UEMOA. Alors que la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a maintenu ses taux directeurs inchangés depuis décembre 2023 (3,5 % pour le taux directeur principal et 5,5 % pour le taux du guichet de prêt marginal), les rendements moyens pondérés sur le marché de la dette ont poursuivi leur trajectoire ascendante. Cette divergence s’explique par la sensibilité des rendements aux conditions économiques spécifiques prévalant dans chacun des États membres de la zone.
En effet, les rendements moyens pondérés ont connu une augmentation généralisée sur les différentes maturités. Le rendement de la tranche à 364 jours a progressé de 8,73 % à 9,53 % (+0,80 point de pourcentage), tandis que celui de la tranche à 3 ans est passé de 9,6 % à 9,99 % (+0,39 point de pourcentage). La hausse la plus significative a été observée sur la maturité à 182 jours, dont le rendement a bondi de 6,7 % à 9,39 % (+2,69 points de pourcentage). La tranche à 5 ans a également enregistré une augmentation, passant de 7,6 % à 8,48 % (+0,88 point de pourcentage). Enfin, le rendement de la tranche à 7 ans a légèrement progressé, passant de 8,01 % à 8,34 % (+0,33 point de pourcentage).
Perspectives encourageantes pour le deuxième trimestre 2025
Pour le deuxième trimestre 2025, les huit États membres de l’UEMOA affichent des ambitions de financement importantes, prévoyant de mobiliser un total de 2 600 milliards FCFA. Cette stratégie témoigne de la volonté des États de répondre à leurs besoins budgétaires et d’investissement tout en continuant à dynamiser le marché régional de la dette, qui apparaît comme une source de financement de plus en plus sollicitée et dynamique au sein de l’Union.