Rétrospective crypto 2022 : les événements les plus marquants de l’écosystème des cryptomonnaies
Rétrospective crypto 2022 : les événements les plus marquants de l’écosystème des cryptomonnaies
En 2022, les cours des cryptomonnaies ont fortement chuté, entraînant des pertes considérables pour les investisseurs. En parallèle, des géants de l’industrie se sont écroulés en l’espace de quelques jours seulement (Terra, FTX, etc). Malgré d’importantes difficultés, l’année 2022 a également vu des avancées significatives en matière d’adoption de l’écosystème. Voici un tour d’horizon des événements les plus marquants de l’année 2022.
Une année particulièrement animée
Jamais le Bitcoin (BTC) n’avait connu une telle situation. Depuis son lancement le 3 janvier 2009, Bitcoin n’avait pas été confronté à une crise mondiale. Nous en traversons plusieurs en même temps : financière, géopolitique et énergétique.
Cette année ne fut pas de tout repos pour les cryptomonnaies. Après une année 2021 pendant laquelle le cours du Bitcoin a flirté avec les 70 000 $ (soit 58 000 €) nous terminons 2022 avec un prix à 15 600 € (soit 16 650$). En effet, le rapport de force entre l’euro et le dollar s’est fortement inversé pendant cette année, signe des bouleversements économiques et financiers en cours.
Pour ne rien arranger à cette crise financière, sur fond de remontée de taux d’intérêt, d’inflation et de quantitative tightening, l’écosystème a connu des cygnes noirs : les chutes de Terra (LUNA), Celsius Network, FTX, 3AC et d’autres auront marqué cette année mouvementée.
Mais ce n’est pas tout, jamais dans ses 14 ans d’existence, le prix du bitcoin n’était repassé en dessous de son précédent plus haut. Le précédent plus haut du bitcoin datait de début 2018 avec un cours frôlant les 20 000 $.
Un mal pour un bien ? L’année 2022 aura sonné la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. La fin d’une insouciance et d’une spéculation à outrance. Ces événements auront permis de s’attarder sur ce qui ne fonctionnait pas correctement et des excès des années précédentes. Un coup dans la fourmilière qui permettra à l’écosystème de se renforcer et de mûrir davantage.
En effet, tout n’est pas noir, de belles réussites ont jalonné 2022. La première d’entre elles est la migration d’Ethereum de la Proof of Work à la Proof of Stake. La méthode de sécurisation et de validation de la blockchain a changé, moins énergivore en remplaçant le minage par le staking.
Malgré un marché bien moins attractif, les développeurs continuent d’affluer si l’on se base sur les volumes de téléchargement des librairies et bibliothèques de code. 180% de téléchargements en plus sur les trois premiers trimestres de 2022 par rapport à 2021 d’après des données d’Alchemy.
Ces périodes plus calmes permettent aux différents projets de se consolider, au moins solides de disparaître et à de nouveaux d’émerger.
Les développeurs ne sont pas les seuls, les particuliers ont continué de s’intéresser aux cryptomonnaies, principalement dans les pays plus durement touchés par la crise et l’hyperinflation.
Mais aussi beaucoup d’institutionnels et de grandes entreprises qui ont officiellement franchi le pas au courant de l’année 2022. De nombreuses annonces ont été faites en ce sens et cela explique la corrélation toujours plus forte entre les marchés financiers traditionnels et le marché des cryptomonnaies.
Bitcoin
Au-delà de la chute de son cours, le Bitcoin est de plus en plus accepté comme moyen de paiement par les entreprises. La liste de celles qui acceptent le Bitcoin a continué de s’allonger tout au long de 2022, avec des noms comme Vueling, Breitling, Gucci, Watches World, Tennessee Titans ou encore Novelship. Cette tendance devrait certainement se poursuivre en 2023.
Souvenez-vous en septembre 2021, le Salvador devenait le premier pays au monde à faire du Bitcoin une monnaie légale sur son territoire. Seulement 8 mois après le Salvador, en avril 2022, la Centrafrique a elle aussi adopté le Bitcoin comme monnaie légale, devenant le deuxième pays au monde à prendre une telle initiative.
Autre grande étape pour le Bitcoin, le 19 millionième BTC a été miné le 1er avril 2022. En seulement 14 ans, plus de 90% des bitcoins ont donc été minés, et il faudra attendre près de 120 ans supplémentaires afin que les 2 derniers millions de BTC voient le jour.
Le 28 septembre 2022, la première version de Taro (Taproot Asset Representation Overlay) a été publiée sur le réseau de test de la blockchain Bitcoin. Il s’agit d’un protocole permettant d’émettre des actifs numériques sur la blockchain Bitcoin, tels que des stablecoins ou même des tokens non fongibles (NFT).
Ethereum
L’année 2022 a été une année charnière pour la blockchain Ethereum, celle-ci ayant migré le 15 septembre de la Proof of Work à la Proof of Stake suite à sa mise à jour The Merge. Cette mise à jour marque un tournant majeur pour Ethereum, The Merge n’étant que la 1ère phase d’une longue série de modifications et d’améliorations qui seront déployées sur Ethereum au cours des prochaines années.
En effet, les améliorations proposées pour la scalabilité du réseau, telles que le sharding par exemple, ne peuvent fonctionner que sur un modèle de consensus en Proof of Stake.
Depuis The Merge, la blockchain Ethereum consomme bien moins d’énergie. Le réseau n’est plus sécurisé par des milliers de cartes graphiques dédiées au minage, mais par des nœuds validateurs avec le principe de staking. L’Ethereum Foundation estime que cette migration vers la Proof of Stake a permis de réduire de près de 99,5 % la consommation énergétique d’Ethereum.
Cependant, la Proof of Stake n’est pas exempte de défauts. Une grande quantité de nœuds validateurs sont hébergés auprès d’acteurs centralisés comme Amazon avec son service AWS. Pour beaucoup, cette forte centralisation des nœuds est dangereuse, car elle fragilise grandement l’un des piliers de la blockchain Ethereum.
Les stablecoins
Mis à mal pendant toute l’année 2022, les stablecoins ont souffert de la chute de l’UST de la blockchain Terra. La blockchain Terra et son créateur Do Kwon s’étaient hissés au plus haut sommet de la hiérarchie des cryptomonnaies grâce à des investisseurs de renom et un écosystème au développement stratosphérique, avant de s’effondrer en l’espace de quelques jours en mai 2022.
En effet, le 7 mai, le cours du « stablecoin » algorithmique Terra USD (UST), dans la capitalisation avoisinait les 18 milliards de dollars et qui était supposé maintenir une parité constante de 1 dollar, a commencé à vaciller et est tombé à 0,35 $ en moins de 48 heures. Son mécanisme d’ancrage au dollar fonctionnant de pair avec le token LUNA, ce dernier s’est également effondré, et est passé de 80 $ à 0,10 $ en l’espace de quelques jours seulement.
Ce regretté événement permet une fois de plus à la crypto-communauté de réaliser à quel point l’écosystème est fragile et sensible. Le fonctionnement même du stablecoin UST aura causé sa perte, même si d’autres mécanismes détaillés dans cet article sont entrés en jeu.
La suite, vous la connaissez. Le stablecoin UST ne se remettra jamais de sa chute, ce qui laissera un « trou » de 18 milliards de dollars que d’autres stablecoins n’hésiteront pas à récupérer. Au-delà de l’éternel combat entre l’USDT de Tether et l’USDC de Circle, la 2e moitié de l’année 2022 profitera grandement au stablecoin BUSD de Binance, lequel récupère alors la position de l’UST en occupant la 3e place des stablecoins les plus capitalisés du marché.
En dépit de toutes les difficultés que peuvent rencontrer les stablecoins, plusieurs protocoles dévoilent leur propre itération. C’est notamment le cas de Curve (crvUSD) et d’Aave (GHO). En parallèle, la blockchain TRON, à l’image de Terra, dévoile l’USDD, un stablecoin algorithmique qui suit presque trait pour trait les préceptes de l’UST.
En outre, les géants Tether et Circle continuent d’étendre leur influence après avoir conquis le monde des stablecoins adossés au dollar américain. Tether déploie le MXNT (peso mexicain) et le GBPT (livre britannique) tandis que Circle lance l’EUROC (euro).
Les plateformes de cryptomonnaies
Indéniablement, l’année 2022 a été la plus difficile à traverser pour bon nombre de plateformes d’échange centralisées. Un véritable hécatombe a eu lieu suite à la chute de l’écosystème Terra et de son stablecoin UST. De nombreuses plateformes proposaient en effet à leurs clients une rémunération alléchante grâce à l’utilisation du protocole Anchor, lequel permettait alors de générer près de 20 % d’intérêt avec l’UST. Suite à la chute de Terra, une rapide contagion débute, touchant l’entièreté de l’écosystème.
La chute de Terra contamine Celsius Network
Tout commence avec Celsius Network, l’une des plateformes de CeDeFi les plus en vogue, d’où le véritable choc que fut son effondrement. Le 13 juin 2022, Celsius Network suspend les retraits, les échanges et les fonctions de transfert de cryptomonnaies, en raison de « conditions de marché extrêmes ». Un mois plus tard, l’entreprise se déclare en faillite et les fonds des utilisateurs sont toujours bloqués.
L’inattendue destruction de FTX
Alors considérée comme la principale concurrente de Binance, la plateforme FTX explose en plein vol. Il s’agit sans aucun doute de l’évènement le plus marquant de l’année pour l’industrie. Voici un récapitulatif des événements qui ont conduit à la faillite de FTX :
- 2 novembre : le média CoinDesk révèle qu’Alameda Research, la firme d’investissement dirigée par Sam Bankman-Fried, détenait une position évaluée à 5 milliards de dollars en FTT, le token natif de FTX. Cela a suscité des interrogations dans l’ensemble du secteur concernant la solvabilité des entreprises de Sam Bankman-Fried ;
- 6 novembre : La plateforme Binance vend tous ses tokens FTT ;
- 7 novembre : FTX connaît une crise de liquidité et cherche des fonds auprès de divers investisseurs, avant de se tourner vers Binance ;
- 8 novembre : Les fonds des utilisateurs, du moins ce qui en reste, sont totalement verrouillés sur la plateforme. De son côté, Binance se dit prête à acheter les entités non américaines de FTX ;
- 9 novembre : À la surprise générale, Binance fait marche arrière et se retire de l’acquisition de FTX après avoir examiné les comptes de l’entreprise ;
- 10 novembre : Les Bahamas gèlent les actifs de la filiale locale de FTX. Le PDG de FTX Sam Bankman-Fried admet enfin que la plateforme connaît de grandes difficultés. ;
- 11 novembre : Sam Bankman-Fried démissionne de son poste de PDG de FTX et l’entreprise se déclare en faillite ;
- 12 novembre : FTX signale avoir été victime d’un hack de 477 millions de dollars ;
- 18 novembre : Les Bahamas prennent le contrôle des actifs de FTX détenus dans les portefeuilles de son antenne locale ;
- 12 décembre : Sam Bankman-Fried est arrêté par les autorités bahamiennes afin d’être extradé vers les États-Unis ;
- 22 décembre : Sam Bankman-Fried est libéré sous caution pour 250 millions de dollars, le montant le plus important de l’histoire.
Cet événement a mis en lumière les risques liés à l’investissement dans les crypto-monnaies et les plateformes de trading centralisées, et a rappelé l’importance de la règlementation et de la transparence.