Même si on peut se féliciter de la progression, relativement
lente, de la pandémie du Coronavirus dans notre pays, il n’en
demeure pas moins que le nombre de cas est passé d’un seul, le
16 mars 2020, à plus de 50 cas aujourd’hui en avril. Le virus n’est
plus seulement importé mais sévit déjà en communauté. Les
dernières mesures annoncées, cette semaine, par le Ministre de
la Santé Benjamin HOUNKPATIN, semblent indiquer que nous
nous acheminons vers un assouplissement du cordon sanitaire
et, peut-être, une reprise des classes par les apprenants. Le
gouvernement avait déjà opéré un réaménagement du calendrier
scolaire et fixé de nouvelles dates pour les examens de fin d’année.
Bien entendu, le crime n’est pas d’envisager la réouverture des
écoles, collèges et universités. Non, l’irresponsabilité serait de ne
pas le faire dans les conditions optimales de sécurité et de santé
pour les usagers de l’école.
Ces conditions seront-elles réalisées à la date du 11 mai 2020 ?
Les effectifs des écoles et le ratio enseignants-apprenants-salles
de classe permettent-ils aux chefs d’établissements de faire
respecter les mesures de distanciation sociale ?
Les regroupements massifs interdits par le gouvernement
peuvent-ils être autorisés dans les écoles sans une aggravation
exponentielle de la progression de la pandémie ?
Les masques de protection aux normes, les dispositifs de lavage
de mains requis, le gel hydro alcoolique seront-ils disponibles
dans l’ensemble des établissements publics et privés et en
nombre suffisant ?
Il s’agit d’un véritable casse-tête, non seulement pour les
autorités, mais également pour les parents d’élèves, les chefs
d’établissement et l’ensemble des usagers de l’école.
Prenons comme baromètre la situation de l’école publique
pour voir ce qui est envisageable à court terme. A la maternelle
comme au primaire et au secondaire, les établissements publics
d’enseignement n’ont pas reçu les subventions au titre de
l’année scolaire 2019-2020. Même avec la bonne volonté des
responsables, elles ne seront donc pas en mesure de faire face
aux dépenses à engager pour offrir les conditions optimales de
sécurité. De plus, des enseignants et des élèves sont en séjour à
l’intérieur ou en dehors du cordon sanitaire loin de leurs écoles.
Ouvrir les classes, sans traiter cet aspect, risquerait d’importer le
virus au-delà des zones identifiées comme zones à risque.
Pour tenir compte de tous ces paramètres, je fais les propositions
suivantes aux autorités publiques, dans le cadre d’une décision
de reprise des classes et de l’organisation des examens de fin
d’année
1- Autoriser la reprise des classes uniquement pour les classes
d’examens et instruire les chefs d’établissement à les démultiplier
(dédoubler). Cette mesure permettra de faire respecter aisément
toutes les mesures sanitaires édictées par les autorités. Elle
permettra aussi d’avoir un effectif suffisant d’enseignants commis
à l’encadrement et à la surveillance des enfants.
2- Permettre aux enseignants qui sont partis en congés en famille
dans les zones hors du cordon sanitaire et ne pouvant revenir à
leur poste à temps, de rester sur place et voir dans quelle mesure
les utiliser dans ces lieux. Dans le cas contraire, procéder à leur
dépistage systématique avant le retour au poste.
3- Proclamer les résultats des classes intermédiaires sur la base des
notes disponibles avant les congés anticipés car, sous l’impulsion
des autorités pédagogiques, la plupart des établissements publics
ont évolué dans le programme au 2/3 voire au 4/5. Trois séries de
devoirs ont déjà été organisés dans la plupart des établissements.
Le premier devoir du second semestre peut être rendu aux
administrations, sans la présence des apprenants. Il peut en être
de même des calculs des moyennes qui se dérouleront sous la
vigilance des chefs d’établissement
4- Procéder à un aménagement des programmes à la
rentrée 2020-2021, de façon à rattraper le retard pris sur les
apprentissages cette année spéciale.
Par ailleurs, dans le cadre de l’organisation des examens de fin
d’année en juillet prochain, il faudra aussi :
Démultiplier les centres d’examens autant que nécessaire pour
mettre les candidats dans les conditions optimales de sécurité
pour la composition.
Accroitre le nombre d’enseignants impliqués dans l’organisation
(surveillances, correction et autres).
Toutes ces mesures induiront certainement des dépenses
supplémentaires pour l’Etat, les Directions des Examens et
Concours et les établissements. Il faudra donc impérativement
(i) payer la subvention aux écoles et leur donner des moyens
supplémentaires pour faire face aux dépenses relatives à la
sécurité (désinfection des lieux, nettoyage des mains etc.).
(ii) doter les DEC de moyens nécessaires à la désinfection des
centres de composition, à l’installation des dispositifs d’hygiène
et à la démultiplication des postes, (iii) donner les moyens aux
collectivités locales pour assurer une meilleure sensibilisation.
Reconnaissons que la situation actuelle requiert de la part
de tous les acteurs de l’école, un grand niveau de sacrifices
individuel et collectif. Enseignants, parents d’élèves, autorités,
syndicats etc, nous devons tous aller à ce sacrifice pour veiller
au bien-être et aux intérêts de nos enfants. Et seul un dialogue
social inclusif peut provoquer l’adhésion et l’implication du plus
grand nombre.
Je ne prétends pas avoir fait les meilleures suggestions, mais je
pense que nous devons commencer dès maintenant à échanger
pour aller sereinement vers le 11mai.
Anselme AMOUSSOU
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