Pourquoi envoyer de l’argent en Afrique est devenu si cher
Les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient connaître une forte augmentation de 7,3 % et s’élever à 589 milliards de dollars en 2021. La dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publiée le 17 novembre révèle en effet que ce rebond est supérieur aux prévisions antérieures. Elle confirme à la robustesse des flux déjà observée en 2020, quand les remises migratoires n’ont baissé que de 1,7 % en dépit de la grave récession mondiale provoquée par la pandémie de la COVID-19.
Les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne ont repris de la vigueur en 2021. Ils ont progressé de 6,2 % pour atteindre 45 milliards de dollars. Au Nigéria, premier bénéficiaire de la région, le rebond est modéré, en partie du fait de l’influence croissante des politiques destinées à canaliser les transferts d’argent par l’intermédiaire du système bancaire.
Les coûts de transfert étaient en moyenne de 8 % au premier trimestre 2021, contre 8,9 % un an plus tôt. Bien que les migrations intrarégionales représentent plus de 70 % des mouvements transfrontaliers de population, les frais sont élevés en raison des faibles quantités de flux formels et de l’utilisation des taux de change du marché noir.
*Les raisons*
La détermination des migrants à venir en aide à leur famille en cas de besoin est à l’origine de la forte progression des remises migratoires, de même que la reprise économique en Europe et aux États-Unis qui a été stimulée par les programmes de relance budgétaire et de soutien à l’emploi.
Selon la base de données de la Banque mondiale sur les coûts des transferts dans le monde, le tarif pour l’envoi de 200 dollars entre pays reste élevé et représente en moyenne 6,4 % des flux du premier trimestre 2021. Ce chiffre est plus de deux fois supérieur à l’objectif de 3 % à l’horizon 2030 fixé par les Objectifs de développement durable. C’est en Afrique subsaharienne qu’il est le plus coûteux d’envoyer de l’argent (8 %) et en Asie du Sud que le tarif est le plus bas (4,6 %).
Les données révèlent que les frais sont souvent plus élevés quand les fonds sont transférés par l’intermédiaire de banques, plutôt que via des canaux numériques ou des opérateurs offrant des services de transfert d’espèces.
Hausse de 2,6% des remises migratoires en 2022
Les remises migratoires devraient encore augmenter de 2,6 % en 2022, conformément aux prévisions macroéconomiques mondiales. Une résurgence des cas de COVID-19 et le retour de restrictions à la mobilité sont les plus grands risques de dégradation des perspectives mondiales de croissance, d’emploi et de transferts de fonds vers les pays en développement. L’arrêt des programmes de relance budgétaire et de soutien à l’emploi, au fur et à mesure du redressement des économies, pourrait également freiner les envois de fonds.