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samedi, novembre 23, 2024
BÉNIN A L’INSTANT

HISTORIQUE DE LA FETE DE NOVITCHA (PENTECOTE)

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HISTORIQUE DE LA FETE DE NOVITCHA (PENTECOTE)

En 1919, un long voyage conduisit Adolphe GNANSOUNOU AKPA, un Xwéda du village de Doyi dans plusieurs pays de la sous-région : Nigéria, Caméroun, Togo et Ghana que nombreux compatriotes au cours de son périple.

Il en revint meurtri par l’amer constat qu’il fit : il dit n’avoir pas retrouvé là-bas ni la chaleur de l’amitié, ni la collaboration fraternelle qui, devraient exister entre les Xwéda et les Xwla, « ces fils de la même maison ». Il ajouta : « c’est des frères qui s’ignorent ». Il eut avec d’autres frères, l’initiative d’une association qui créerait les occasions de rencontres et de contacts, afin de sauvegarder l’unité et de promouvoir le développement des populations Xwla et Xwéda.

L’idée d’Adolphe GNANSOUNOU AKPA de regrouper en un même creuset les communautés Xwla et Xwéda rencontra l’assentiment de son cousin Siméon ABALO LOKO un Xwla du littoral. Le duo se mit au travail et rassembla les premiers éléments. Cette idée de fraternité portée par un homme de l’élite intellectuelle Monsieur Augustin Kokou AZANGO se mit en route. En dépit des tracasseries administratives et la crainte que pourrait susciter un nationalisme Xwla-Xwéda et les nombreuses tentatives de diversion, l’idée fit portée sur les fonts baptismaux en 1921 sous le nom de Novitcha. En 1923 fut célébré avec un éclat tout particulier l’avènement du premier rassemblement populaire ethnique. Adolphe GNANSOUNOU AKPA en fut le premier Président. L’association dénommée Nonvitcha a été placée sous le régime de la loi du 1er Juillet 1901, et ses statuts approuvés par arrêté local N°1291/APA du 06 Septembre 1933 du gouvernement du Dahomey.

 LES OBJECTIFS DE NOVITCHA

Cette Association avait buts :

  • D’entretenir et de resserrer les liens naturels de fraternité et de solidarité qui unissent originellement les Xwla et les Xwéda de toute obédience et de toute confession.
  • De faire revivre les valeurs spirituelles, artistiques, folkloriques et historiques propres aux deux communautés sœurs.
  • De définir et de réaliser un programme de développement économique social et culturel pouvant assurer un progrès réel de la population dans tous les secteurs.

 LES REALISATIONS DE NONVITCHA

Après la naissance de l’Association NOVITCHA et la définition de ses objectifs tous les frères Xwla et Xwéda, se sont attelés aux tâches de reconstruction de leur cité.

Citons à titre d’exemples quelques-unes des actions entreprises :

  • Intervention de NOVITCHA en 1947, auprès du FIDES en faveur des sinistrés d’Agbétiko, Apoutagbo et Gbeffa, qui a permis la construction de bâtiments d’habitation à Ewé-Condji, pour les populations de ces villages menacés d’être engloutis sous les flots marins.
  • Sollicitudes et aides matérielles à nos frères de GUEZIN, victimes des grandes inondations pour leur réinstallation sur le plateau d’AGBANTO ; d’où la création du marché ‘’MAGA’’.
  • Contribution de NOVITCHA pour le maintien et la construction du quartier Popo de Xwlacodji à Cotonou, après le terrible incendie dévastateur de 1958. NOVITCHA a pris les choses en main, et a eu l’initiative de la création de la première Ecole primaire de Xwlacodji.
  • Cession à nos frères Xwéda d’un certain nombre de part pour accès au métier de canotage au Wharf de Cotonou, et la réorganisation du système rotatif de canotage, avec des avantages sociaux.
  • Demande de création d’un CEMG à Grand-Popo. Le Collège a été installé dans le quartier GBECON, dans un immeuble acheté à cet effet par NOVITCHA.
  • Aide substantielle d’un million de francs CFA, en 1982 pour la construction d’un laboratoire scientifique au CEMG de Grand-Popo permettant l’ouverture des classes du second cycle dès la rentrée scolaire 1983-1984.
  • Suppression des chansons satiriques et règlement de nombreux conflits entre villages
  • Création du « Comité de Reconstruction et d’Urbanisme de la ville de Grand-Popo » qui s’appellera plus tard Association pour la Reconstruction de Grand-Popo (A.R.G.P.) en vue de la :
  • Mise en œuvre progressive du transfert et la reconstruction de la ville de Grand-Popo dans les nouveaux quartiers de l’Ouest.
  • Promotion et contribution aux initiatives d’urbanisation, de lotissement et d’embellissement de la Nouvelle Ville.

Au total, l’Association NOVITCHA ne s’est pas contentée de n’être qu’une association de fête sans lendemain. Très vite, elle s’est occupée des multiples problèmes de Grand-Popo liés au développement de la sous-région et aux intérêts des ressortissants Xwla et Xwéda.

Extrait des actes du 4ème congrès de l’Association NOVITCHA, p.p.4-5-6 

GRAND-POPO : PERIODE DE L’OCCUPATION COLONIALE

La situation privilégiée de Grand-Popo suscita l’intérêt et la convoitise des explorateurs européens. D’où l’empressement et la rivalité entre Allemands et Français pour conclure des traités d’amitié et de protectorat avec les Chefs locaux. Nous lisons dans ‘’Histoire de Grand-Popo’’ par A.S. TIDJANI extrait de ‘’Afrique en guerre’’ N°82 du 8 Août 1943 le témoignage que voici :

C’est en 1881 que les Popos demandèrent le protectorat de la France. Ce ne fut que quatre ans plus tard qu’ils obtinrent satisfaction. En Avril 1885, le Commandant Supérieur des établissements français du Golfe de Guinée donna l’ordre au Lieutenant de vaisseau PORNAIN de venir établir le protectorat français sur les Popos.

PORNAIN quitta le Gabon à bord du navire « La Mésange », et arriva en rade de Cotonou le 8 Avril. Il débarqua à Grand-Popo le 10. Le traité de protectorat de la France a été signé le 12 Avril 1885, entre le prince DJODO résidant à Agbannankin, Hèvè et Hounsoukouè.

Le 15 juillet 1885 le Commissaire Impérial FALKENTAL, en résidence à Zébé (Anèho au TOGO) fait accepter un protectorat allemand sur le royaume. D’où protestation des princes et chefs :

  • DJODO prince de la famille royale.
  • DJADJA, chef de la plage de Grand-Popo
  • CACAJOU 2ème chef de la plage de GRAND-POPO
  • HOUESSOU GNANMLIN, FATONDJI et DJANTA tous trois princes de la famille royale. Cette protestation signifiait le rejet du protectorat allemand.

Le 11 Décembre 1885 a été ratifié l’acte final du traité de protectorat de la France entre E. PIATTET et J. BONOU, et les princes DJODO et HOUESSOU GNANMLIN. Le royaume Xwla est un territoire placé sous protectorat français, et non une conquête coloniale.

Extrait des actes du 4ème congrès de l’Association NOVITCHA, p.p.7-8

GRAND-POPO : LA VILLE

Située entre la lagune et la mer Grand-Popo avait supplanté Ouidah et Agoué. Sa rade foraine offrait des possibilités plus sûres que celle de Ouidah et de Cotonou. Cette situation avait fait de cette bourgade, un centre commercial important, une petite ville florissante ayant drainé une population considérable de commerçants, de fonctionnaires et d’artisans. Sa position a très tôt attiré les explorateurs européens qui se sont installés sur la côte. C’est vers 1850 que les premières maisons commerciales furent installées à Grand-Popo. Une infrastructure portuaire avait été mise avec l’implantation de nombreuses maisons comme : CICA, Cyprien Fabre et Cie de Marseille, Mante Frères et Borelli de Régis Ainé, Afrique-Congo, Outre-Mer, Lecomte Coton colonial, John Holt, John Walkden, Swanzy J.B. Ollivant, Volber et Brohn de Hambourg, Godelt, Prangott Zollner et Cie …etc.

Avec cette structure commerciale, il y eut une intense activité dominée déjà par les mêmes compagnies et factoreries que celles qui existaient à Ouidah. Ainsi Grand-Popo reçut une partie de la classe bourgeoise commerçante d’origine brésilienne, et autres nationalités en place à Ouidah. C’étaient les AKIBODE, d’ALMEIDA, GOMEZ, Féliciano de SOUZA dit Tossou Tela, SASTRE, AJAVON, GNANSOUNOU … etc, qui initiés aux affaires, servaient d’intermédiaires entre les compagnies européennes et les agriculteurs des campagnes et les pêcheurs dispersés dans les villages.

La ville se développa dans ce contexte. Les gens attirés par les bénéfices substantiels qu’offrait le commerce des produits agricoles viennent s’y fixer. Une bourgeoisie locale composée de commerçants et d’intellectuels ou interprètes s’installe. Après avoir connu une vie économique très florissante entre les années 1905 et 1940, ce centre urbain va amorcer graduellement un déclin. Le déclin de ce centre vient en partie du choix de Cotonou comme capitale économique, avec la construction de son wharf. Le drainage des produits qui autrefois se faisait par cette rade foraine, fut détourné sur Cotonou. Ce transfert a entraîné progressivement le départ des commerçants et agents. De plus, la population autochtone suivra le mouvement, puisque les Xwla et Xwéda reconnus intrépides canotiers étaient recrutés pour les services du wharf. Par ailleurs, la ville est menacée par les éléments naturels. Le littoral est fortement attaqué par l’érosion marine et lagunaire. Les infrastructures socio-administratives, commerciales, et les habitants sont engloutis par la mer.

Aujourd’hui, plus rien ne reste de ce centre autrefois prospère. Les ruines, les maisons ou magasins délabrés évoquent encore le passé prestigieux de cette ville grouillante d’hommes.

Extrait des actes du 4ème congrès de l’Association NONVITCHA, p.p.9-10

Fiacre KOKODOKO, le petit fils de l’un des pères fondateurs de cette association.

Je salue la grande famille ABALO- LOKO au passage.

 

 

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