COUR SUPRÊME
LES MAGISTRATS EFFECTUENT LEUR RENTREE JUDICIAIRE
Les magistrats de la Cour suprême du Bénin ont effectué jeudi à la faveur d’une audience solennelle, sous l’égide du président de cette juridiction, Ousmane Batoko, leur rentrée judiciaire au titre de l’année 2020 au complexe Tiwani à Porto-Novo autour du thème, « Le magistrat et le politique :comment concilier la confiance et l’indépendance? », en présence d’un parterre d’invités, des présidents d’institutions de la République, du ministre d’Etat chargé du plan et du développement Abdoulaye Bio Tchané et du garde des sceaux, représentant le Président de la République, Sévérin Maxime Quenum.
A cette audience solennelle de rentrée judiciaire, les acteurs de la justice ont dit ce que doit être l’indépendance du juge et la confiance qui doit être instaurée afin de lui permettre d’exercer sa fonction sans aucune influence et de dire le droit dans toute sa plénitude.
Selon le président de la Cour Suprême du Bénin, Ousmane Batoko, le magistrat est ce fonctionnaire de l’Etat, recruté pour accomplir une mission d’intérêt général. Celle de dire le droit, souligne-t-il, tout le droit et rien que le droit. En ce sens, il ne s’embarrasserait pas des affaires politiques, ne ferait pas la politique et ne devrait pas avoir d’accointance de quelque nature avec le politique, autre personnage public exerçant ou aspirant à exercer le pouvoir exécutif ou législatif, a-t-il poursuivi.
L’indépendance, selon M. Batoko, est un devoir qui s’impose au magistrat dans ses relations avec le justiciable et qui l’oblige à rendre la justice sans tenir compte d’aucune pression d’aucune sorte.
« Bien qu’avérée, cette sanctuarisation textuelle de la prise de décision par le juge n’échappe pas complètement à l’influence du politique qui, au Bénin, à travers d’une part, le Président de la République, détenteur du pouvoir exécutif en est le grand constitutionnel, et d’autre part, le parlement qui, exerçant le pouvoir législatif met in fine, à la disposition du magistrat, les outils juridiques nécessaires à l’exercice de son office », a expliqué Ousmane Batoko avant de faire remarquer que dans ce contexte, la jouissance de cette indépendance dont le politique est garant, fait ressortir en toile de fond, le concept de confiance qui devrait planer sur les relations institutionnelles et qui renvoie à l’idée que l’un, dans l’exécution de la mission d’intérêt général, peut de façon désintéressée, se fier à l’autre, en s’abandonnant à sa bienveillance et à sa bonne foi.
A ses dires, la problématique principale au coeur de ces relations est de savoir comment trouver l’équilibre subtil entre la nécessité d’une collaboration des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire dans le souci de l’intérêt général, et celle de la préservation de l’indépendance du pouvoir judiciaire. En d’autres thèmes, précise le président de la Cour suprême, comment le magistrat peut-il assurer son office en toute impartialité et responsabilité, tout en entretenant des rapports avec l’autorité politique, responsable devant le peuple de la politique définie et conduite notamment en matière de justice.
Il ressort donc que, redonner espoir à la population et la rassurer en redonnant à l’appareil judiciaire tout son éclat, ne peut passer par la rivalité magistrat-politique, mais plutôt et surtout à travers une complémentarité intelligente.
Le ministre de la justice Sévérin Maxime Quenum pour sa part, a rassuré les magistrats de la Cour suprême de l’engagement et de la détermination du gouvernement du Président Patrice Talon en la matière tout en soulignant que l’indépendance du juge est à la fois constitutionnelle et personnelle. Aussi a-t-il soutenu que le gouvernement s’emploiera toujours à ce que l’appareil judiciaire du Bénin rassure davantage le peuple et les investisseurs.