AFD : une croissance économique africaine conditionnée aux facteurs « X »
Malgré sa résilience affichée au plus fort de la Covid-19 et le retour de la croissance, l’Afrique doit répondre aux impacts de ces crises successives, sur lesquelles l’Agence française de développement revient longuement dans son rapport annuel, « L’économie africaine en 2023 ». De quelle façon la résilience africaine résistera-t-elle à la volatilité de la conjoncture mondiale ?
« Comment apporter des réponses contracycliques aux crises que rencontre l’Afrique ? », s’interrogeait Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD), le 12 janvier au siège du groupe, à l’occasion d’un atelier-presse consacré aux perspectives économiques du continent.
Conséquences de la guerre en Ukraine et du Covid-19, mais aussi climat et santé – notamment au Sahel – sont les principaux thèmes abordés dans ce dernier rapport intitulé L’économie africaine en 2023, de l’AFD (éd. La Découverte), qui s’attarde également sur la méthode, dans une logique de réécriture du narratif franco-africain.
« Un grand débat s’est ouvert autour de la relation entre la France et l’Afrique et de la relation entre la France et l’Europe. Nous voulons apporter des analyses et de la science au débat », déclarait Rémy Rioux le 12 janvier.
La reprise de la croissance ne permet que très progressivement de rattraper les pertes enregistrées, en raison d’une croissance démographique qui est comparativement plus rapide (+2,5 % de croissance entre 2015 et 2020, contre 1,1 % au niveau mondial, selon l’AFD).
Galvanisée par la demande chinoise, la forte remontée des cours des matières premières a profité aux économies africaines extractives, mais ce sont les économies les plus diversifiées qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu.
Guerre en Ukraine et insécurité alimentaire, un facteur « X »
Depuis mars 2022, l’Afrique subit de plein fouet les répercussions de la guerre en Ukraine, sur fond de difficultés d’approvisionnement des denrées de base comme l’huile et les céréales. La Russie et l’Ukraine comptent aussi parmi les fournisseurs-clés de biens non agricoles (pétrole, engrais). Les incidences du conflit russo-ukrainien se sont notamment répercutées sur le secteur touristique.
Simultanément, l’aversion au risque des investisseurs s’est renforcée, se traduisant par des spreads des économies présentes sur les marchés internationaux. Ce durcissement structurel des conditions de financement sur les marchés a généré un basculement des investissements vers des marchés plus « ancrés ». « Les taux obligataires sont montés partout et en Afrique, un peu plus qu’ailleurs », précise Thomas Melonio.
Par ailleurs, l’Afrique doit juguler son inflation liée à l’envolée des prix du pétrole et des engrais. L’inflation devrait se situer autour de 9 % cette année. Particulièrement élevée en Afrique australe (Zimbabwe, Angola et Zambie) et en Afrique de l’Est (Ethiopie et Soudan du Sud), elle reste relativement maîtrisée en Afrique du Nord.